Huitième lettre de Marcelino, écrite de La Condamine dans les Basses-Alpes. Il est à la 11ème compagnie de travailleurs espagnols (11ème CTE).
La condamine, 21 mai 1939
Nous sommes le 21 mai et je n’ai toujours pas de vos nouvelles. Depuis le premier du mois j’attends une réponse à mes lettres. Sans plus tarder je vous rappelle pourquoi nous avons changé de camp le 30 avril ; nous, c’est-à-dire ceux qui se portèrent volontaires, sommes sortis d’Argelès sur mer, et le 1er mai, nous sommes arrivés à notre destination, un village appelé la Condamine dans les Basses-Alpes, camp B. C’est de notre propre chef que nous avons accepté ce transfert, car ils nous ont promis qu’après avoir terminé le travail chacun de nous pourrait se réunir avec sa famille. Avant de te raconter plus avant notre histoire, je t’avertis pour la troisième fois de ne pas te tromper sur l’adresse. Je te la redonne donc :
Marcelino Sanz Mateo
Camp B du Parpaillon
La Condamine (Basses Alpes)
Nous sommes en train de travailler sur une route. Ce terrain est très froid, mais aussi très sain. Depuis mon arrivée j’ai plus d’appétit et je me sens mieux qu’à Argelès. Je te supplie de me répondre sans attendre, dès que tu recevras cette lettre, parce que je suis à la peine de ne pas avoir de vos nouvelles. Je te donne l’adresse pour être sur :
Marcelino Sanz Mateo
Camp B du Parpaillon
La condamine (Basses Alpes)
Ceux du village vous envoient leurs bons souvenirs. Transmettez les nôtres à la Galera et aux Calandinos*.
Marcelino Sanz Mateo
*/Gens du village de Calanda proche d’Alcorisa, et village natal du cinéaste Luis Bunel.