Vingt-septième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.
La Condamine Chatelard, 24 juillet 1939
Je réponds à votre lettre du 21 du courant dans laquelle vous me posez des questions sur les fiches. Eh bien aujourd’hui nous les faisons pour ne pas perdre de temps. Vous me dites que vous vous ennuyez tous. Soyez patients qui est déjà acheminé l’instance, et croyez que quelque chose sortira de ceci. Ne parlons plus de l’Espagne car il semble que la situation est très tendue. Je suis très surpris de ce que tu me raconte sur « les Calandinos » puisque j’étais convaincu qu’ils étaient partis en Espagne pour m’avoir dit que « l’Encarna » * partait. Et Estéban, où est-il ?
Cher fils Sebastian. Après t’avoir souhaité une bonne santé, je passe à ceci : pour moi la politique c’est terminé. Nous avons souffert de tant de tromperies que, crois-moi, je n’écoute personne : un homme averti en vaut deux. Quand je serai en votre compagnie, nous chercherons une maison parce que le marié, maison veut, où qu’elle se trouve et je travaillerais à ce que nous puissions y vivre en paix. Je ne fais confiance nia aux uns, ni aux autres. Il est bien connu qu’autant de têtes, autant d’opinions. Je ne comprends pas très bien ce que tu me dis de ton travail. Est-ce que soudain l’atelier ne te plaît plus, ou est-ce le village ? Peut-être que c’est le terrain, trop vallonné, puisque vous me dites que c’est très mauvais, pas de champs pour l’agriculture. Est-ce très froid ?
Souvenirs pour tous les Espagnols et les gens de votre confiance.
Marcelino Sanz Mateo
*/Diminutif de Encarnacion.