Le diable m’a dit (1967)
Oui ! le diable est venu cette nuit dans ma chambre,
Les yeux couleur de sang et le visage d’ambre,
Son ample cape noire à l’envers
Et empestant le souffre
Je lui dis : « dis-moi, Diable, est-il vrai qu’en enfer
C’est l’âme des mortels et pas du tout la chair
Comme on le dit ici, sans le savoir, qui souffre
D’indicibles tourments ? »
Alors que j’insistais le fixant, stoïque,
Le Diable, en reculant, d’un grand geste emphatique
M’imposa le silence et me dit « Ignorants !
L’enfer est sur la terre
Et non pas en dessous ! il faut être bien sot
Pour croire que le bon ne peut être qu’en haut
Et le mauvais en bas ! pourquoi pas le contraire,
Stupide troupeau ? »
Tasio Sanz
Le cri (1986)
Quand l’homme crie… Il est des cris
Qui sont ce qu’est la délivrance
D’un bonheur contenu, immense !
Qui sont une explosion de vie !
L’éclat du gong dans le silence !
Il est des cris qui sont, aussi,
Le hurlement de la souffrance
Qui vous transperce avec violence
Lorsque surgissent de l’oubli
Les horreurs de notre existence…
Le cri de l’homme est inouï !
Est-il – qui sait ?- la survivance
De ce que furent sa jouissance
Et sa douleur lorsque l’esprit,
Soudain, enflamma la substance ?