Seul approvisionnement en eau collectif du village, le puits de Mallefougasse, a une profondeur de 22 mètres environ pour un diamètre de 1,50 mètres. Sa hauteur d’eau permanente est d’environ 18 mètres.
L’association a restauré et financé entièrement toute la structure extérieure de ce puits.
Bénévoles: Hector , Jean-Pierre , Patrick.
au début des travaux
piquetage des anciens joints
nettoyage des joints
on commence à refaire les joints
l’équipe au travail
remplissage avant brossage
à la fin il a fière allure avec sa porte refaite à neuf
En ce lundi nous avons commencé par approvisionner le chantier, grâce à la participation de nombreux bénévoles. En fin d’après midi s’est tenue la réunion de chantier afin de valider les travaux à venir.
C’est sous un temps clément que nous avons débroussaillés dans le secteur de l’ancienne tour afin de la rendre plus visible lors de son prochain survol en drone.
Quarante-quatrième
lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les
Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème
CTE.
J’ai reçu votre lettre du 23 octobre. En ce qui concerne Sebastian, je vous ai dit que votre décision me satisfait. Je me sens réconforté en sachant que, malgré notre mauvaise situation, vous avez la capacité qu’il faut pour penser à mettre sur la bonne voie notre avenir. Un jour viendra où nous trouverons ce que nous recherchons, c’est-à-dire, un travail quel qu’il soit, qui nous permette de nous installer jusqu’à la fin de la guerre, et dans la paix et la liberté retrouvées. Je me souviens de ce que quelqu’un nous a dit ; « soit le patron de la ferme, si petite soit-elle ». Dans l’attente de pouvoir, nous-mêmes choisir librement notre façon d’œuvrer, l’essentiel est de passer le temps présent en acceptant le travail qui se présente. Dans l’immédiat, nous devons avoir confiance dans ces personnes qui, selon toi, apprécient beaucoup, grâce à leur bon comportement, Sebastian et Maria. Si ces patrons ont besoin d’ouvriers pour produire ce dont a besoin la nation, tout comme vous, je suis prêt à les aider aux travaux des champs et à tout ceux qui le demanderont. Notre contribution sera le service que nous devons à la France pour nous avoir admis, nous sauvant de la terreur qui, selon ce que nous décrivent les lettres, ensanglante notre pays. Ace propos, jamais je n’aurais cru que le frère de « la Encarna » recevrait de telles remarques de ses parents, puisqu’ils pensaient le contraire de ce qu’on appelle démocratie, en ayant la foi en ce qu’aujourd’hui nous, nous détestons. Il est vrai que, n’est pas or tout ce qui reluit, et qu’on apprend toujours à ses dépens. Je te prie de me dire si « la Encarna » et ses fils sont avec vous, et si Estéban est encore dans le camp de Bram* afin que je lui écrive. En ce qui concerne l’avis que l’on vous a accroché dans le « Refugio** », incitant les occupants de celui-ci à retourner en Espagne, je vous répète ce que je vous ai déjà dit : y retourner volontairement jamais ! Et si on vous oblige, ce sera, sous la contrainte et en luttant sans merci, et même si elle doit nous condamner à être plus mal que nous le sommes. Chère fille Maria. Ta lettre m’enchante parce que je vois que les nombreux conseils que je vous ai donnés, tant à vous qu’à votre mère, vous en avez tiré profit. Je me rends compte que vous comprenez l’essentiel de la complexité de notre situation. Il faut savoir en prendre et en laisser, car, comme on le dit : « c’est une erreur de ne croire en rien, et une faute de croire en tout ». Voilà quel est le meilleur moyen qui peut un jour nous permettre de jouir pleinement de notre union. Ne croyez pas que c’est en pleurant et en maudissant que vous obtiendrez la fin de notre calvaire, mais tout le contraire. Nous ne pourrons nous sortir de notre situation qu’à force de patience et de compréhension. Il en faut encore plus pour nous affliger. Alors, luttons avec sérénité ! Cher fils Sebastian, Valero y Juana (toi qui me confesses ta peine en reconnaissant que ton écriture es mauvaise), je vous remercie pour l’amour que vous me témoignez. Cher fils Anastasio. Merci beaucoup pour ton dessin. En lui je vois ton illusion. Lauro y Alicia, je pense également à vous, et désire vous embrasser. Benigna, tu ne me dis pas si tu as reçu le certificat que je t’ai demandé.
Marcelino Sanz Mateo
*/
Le camp de concentration dit du Ligné à Bram est situé dans le
département de l’Aude au sud-ouest de Carcassonne, sur la commune
de Montréal. Il est composé de 165 barraques 36000 réfugiés vont
y passer, dont 17000 vont arriver en une journée, en provenance du
camp de St Cyprien dans les Pyrénées Orientales. 222 vont y mourir.
**/ En arrivant à Mézin, Benigna et ses enfants sont d’abord logés à l’hôtel de la poste dit Rizzi Rocco parce qu’il est tenu par un italien, ce qu’ils vont appeler « El réfugio ». Ensuite ils sont déplacés dans une ancienne usine de fabrication de bouchons en liège.
Quarante-troisième
lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les
Basse-Alpes, où il travaille à la 11ème
CTE.
La Condamine Chatelard, 30 octobre 1939
Tu me prie de t’écrire par retour de courrier. Crois-mois, c’est ce que je fais toujours. Il est étrange que vos lettres mettent moins de temps à me parvenir que les miennes à vous ! Je ne sais pas à quoi cela est dû, puisqu’elles parcourent la même distance… Continue à faire tout ce que tu peux pour voir si, grâce aux uns et aux autres, nous pouvons obtenir que j’aille travailler de votre côté ou, au moins, de pouvoir me rapprocher. A propos de l’argent, eh bien, finalement tant que nous demeurerons ici nous n’en manquons pas, si ce n’est pour vous en envoyer. Cependant, si jamais on nous laissait partir, alors oui, nous en aurions besoin pour le voyage. Vous ne nous l’enverrez que dans ce cas précis. En fait, si par médiation de Sebastian ou de Maria, vous trouverez un patron qui nous réclame, c’est vous qui serez les premiers au courant. Etant nous deux complètement à l’écart de la vie civile, c’est vous qui pouvez avoir la possibilité de nous ouvrir la porte de la liberté. Je suis heureux que vous, mes fils et mes filles soyez revenus des vendanges en ayant de belles couleurs, pleins de santé et contents de la façon que vous ont traité les patrons et leur personnel. Lorsqu’il faisait ici mauvais temps, j’avais beaucoup de peine en pensant que vous ne pourriez pas supporter la pluie persistante. Cher fils Sebastian. Je réponds à ta lettre datée du 24. Je vois que tu as eu beaucoup de chance en ayant été vendanger, puisque tes patrons t’ont bien traité, et veulent même que tu ailles travailler dans leur propriété. Tu ne peux pas t’imaginer le degré de ma satisfaction en apprenant que tu as su t’acquitter de ton devoir. J’espère que tu continueras à te comporter comme tu l’as fait. Ne te crève pas au travail, car « plus fait la douceur que la violence ». Ne te mêle pas bêtement aux discussions sur la politique, car c’est où s’élèvent ceux qui sont méchants et où s’écroulent ceux qui sont bons. Nous à partir d’aujourd’hui, nous devons être neutre parce que nous avons souffert suffisamment pour mériter le droit de manger, travailler et dormir en paix. Cela dit, moi, je ne veux plus participer aux discussions politiques de mes compagnons, puisque je me rends compte que chacun de nous pense à sa façon. Il n’existe pas de vraie union entre nous. Nul ne peut avoir tort. Tous nous prétendons détenir la vérité réelle. Comme on dit habituellement : « tant de têtes, tant d’opinions ». Chers Valero et Juana. Merci pour votre lettre. Maria, je te suis reconnaissante pour ton aimable lettre, et je te félicite pour le soin que tu témoignes à tes frères. Dans le colis que j’ai reçu il manque un morceau de savon.
Quarante-deuxième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.
La Condamine Chatelard, 21 octobre 1939
Avec cette lettre je réponds à la vôtre du 15. Je suppose que les trois vendangeurs se trouvent déjà en ta compagnie. Certainement ils sont revenus avec la santé rétablie. Nous, nous ne pouvons pas nous plaindre. Benigna, tu désires savoir ce que je pense au sujet de la demande du patron de Sebastian. Eh bien, ma pensée est claire comme la lumière du jour : j’ai toujours été contre un apprentissage aux travaux de la terre mais, puisqu’à cause des circonstances nous ne pouvons pas agir comme nous le voudrions, « faute de grives, on mange des merles ». S’il se trouve bien dans cette ferme, et s’il désire travailler la terre jusqu’à qu’il ait la possibilité- et le droit- de travailler dans un atelier pour obtenir le brevet de mécanicien, alors en ce qui me concerne, il peut faire ce qui lui convient le mieux. Pour le moment, s’il mange aussi bien qu’il le dit, le voilà, lui, sain et sauf et, donc, pouvant t’aider. Il faut saisir n’importe quelle planche de salut jusqu’au jour de notre libération. Tu m’annonces qu’on vous a fait savoir qu’on vous mettra dans un camp, ou dans un autre lieu, puisque les vendanges sont terminées. Cela ne se peut en aucune façon ! Même si on décide de vous jeter dehors de force, comment pourrais-tu partir en laissant Sebastian en France ? Moi je pense que si ledit commissaire vous parle ainsi c’est uniquement pour vous chercher des crosses, et cela parce que tu as eu l’audace de lui demander des explications. Depuis lors, il te crie qu’il en a assez des espagnols… Qu’il vous expulsera en Espagne… Et dire que nous devons supporter ces humiliations sans pouvoir nous opposer, ni demander des explications. Si, soit des uns, soit des autres, une occasion se présente, on ne peut la laisser passer. C’est qu’ils sont en train de nous rendre l’existence bien plus compliquée qu’elle ne l’est ! Au « qui ne dit mot consent », nous ajoutons « ce n’est consentir quand on nous défend de parler ! » Vienne le jour où nous pourrons dire les choses en face ! Je reviens à ce que t‘a dit-ou t’a répondu-monsieur le commissaire : qu’au lieu de vous placer il vous jettera hors de France ». Apparemment, ce monsieur est un demeuré violent. Logiquement il ne peut pas vous expulser alors que Sebastian et moi travaillons. Il nous expulse tous ou personne. De toute façon, n’ai pas peur parce que ce monsieur, tout commissaire qu’il soit, n’a pas le pouvoir d’un ministre. Je ne comprends pas qu’il existe des gens qui puissent blesser et retourner le couteau dans la plaie de leurs malheureux semblables. Il convient donc que Sebastian et moi travaillons. Si, ce que je ne crois pas, on nous sépare pour la deuxième fois, en employant la force, lis attentivement ce qui suit : de tous les habits et objets qu’on t’a donné, qu’on te donne ou qu’on peut te donner, supprime l’étiquette de leur provenance et, à leur place, marque mon nom afin que personne n’ait l’insolence de t’accuser comme voleuse car, comme le prouve le proverbe : « chacun mesure les autres à son —». Je ne pense pas que nous arriverons à cet extrême, mais soyez prévoyants, au cas où vous soyez fouillés par ceux qui vous gouvernent. « El Fin » a reçu une lettre de sa mère, laquelle lui donne des étreintes et des bons souvenirs pour nous et… rien de plus. Aujourd’hui je vais écrire en Espagne, pour voir si celle-ci arrive et si nous pourrons savoir quelque chose de notre famille. Ci-joint, je t’envoie une photo des cinq qui travaillons, mangeons et dormons ensemble. Parmi nous se trouve « el Fin ». Quoique étant floue, tu as enfin devant tes yeux la photo que tu m’as tellement demandée. Alicia, je vois dans ta lettre que tu désires m’embrasser, tout autant que moi-même je désire t’embrasser. Lauro, ça me plaît que tu me dises que tu es espiègle, preuve que tu te développes parfaitement. Anastasio, j’observe que lorsque tu ‘appliques tu sais bien écrire.
Marcelino Sanz Matéo
Les cinq compagnons du marabout de Marcelino (avec le chapeau), plus Juan accroupis.