Douzième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine dans les Basses Alpes, ou il travaille à la 11ème CTE.
La Condamine, 4 juin 1939
Mon cher fils Anastasio.
Mon cher fils Anastasio.
Comme promis je t’envoie ces dessins. Je veux que tu te rappelles plus tard que j’ai pensé à toi et que je suis attentif sur le déroulement de ton éducation. C’est une peine que par manque d’éducation tu ne puisses sortir plus de tes aptitudes naturelles, mais ne perd pas espoir, car le jour où cela sera possible, nous ferons tout ce qui est possible pour que tu ailles à l’école. Pour le moment demande aux plus grands qui t’entourent de te donner des leçons de dessin. Le savoir ne prends pas de place et te servira toujours quand tu seras majeur. Aujourd’hui tu n’as pas de connaissance suffisante pour le comprendre, mais un jour tu te souviendras de ce conseil.
Ces dessins en plus d’être des dessins sont des leçons de mécaniques. Avec ces moulins à vent on peut mettre en mouvement des norias, des dynamos et diverses machines d’atelier. Comme tu peux le voir dès que j’ai un moment de liberté je le passe en inventant et dessinant ces machines. Je te les envoie pour que tu saches les goûts qu’a ton père et, qui sait. Peut-être as-tu les mêmes.
Le principal c’est que tu ais du talent et de la volonté. Je continue à te féliciter car véritablement ton dessin m’a beaucoup plus.
Chère épouse. A propos des photos, et bien sincèrement nous sommes sortis mal, vraiment mal, quoiqu’il en soit je te les enverrai car tu me les réclames. A propos de ta demande à savoir si je pourrais sortir d’ici, et quelques-uns sont sortis de ce camp, réclamés par des français connus*.
Moi comme je ne connais personne, je ne te l’ai pas dit. Je continue à croire ce qu’ils m’ont dit et promis. Je vis avec espérance sans me laisser aller.
Sans plus. Amitiés du « Fin » et des compagnons. De ma part salue toutes les personnes, mes affectueuses à toi et à nos enfants. Dis à ceux qui sont à tes cotés que je pense beaucoup à eux et toi reçois une embrassade de ton époux.
Donne un baiser de ma part à Lauro et Alicia.
Marcelino Sanz Mateo
*/Juan fut réclamé par des oncles (émigrés dans les années 1920 et français naturalisés), vivant en région Lyonnaise, mais malgré les promesses, il ne lui fut jamais accordé de quitter la 11ème compagnie (11ème CTE).