Dixième lettre de Marcelino, écrite de La Condamine dans les Basses Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.
La Condamine, 29 mai 1939
Chères, épouses et Maria
Je réponds à votre lettre du 24 courant, laquelle me réjouit car notre correspondance a repris, et de savoir aussi que vous êtes tous en bonne santé. Moi je suis fort comme un chêne. S’il vous plait ne manifestez pas avec tant d’inquiétude votre impatience. Chassez de votre esprit l’angoisse. Ne cherchez pas trois pattes au chat et écoutez-moi attentivement.
Je ne vous cache rien. Si nos lettres sont ce qu’elles sont, c’est la faute au changement de camp. Cela prend du temps pour que les choses se mettent en place et que nous soyons au courant de la nouvelle organisation.
Ayez de la patience, tranquillisez-vous, et croyez, nous vous répétons que nous somme bien. Moi aussi j’ai été impatient et peiné de ne pas recevoir de vos nouvelles, mais je n’ai jamais perdu confiance.
Maria rassure toi l’accident* qu’as subi ton mari fût seulement une éraflure sans importance à la main. Pour ce que tu racontes sur Mexico ici nous n’en savons rien. Il vaut mieux attendre et si cela nous avantage, nous nous adapterons aux circonstances.
Rien de plus pour aujourd’hui. Je vous embrasse tous avec tendresse, vous implorant vous, mon épouse et ma fille Maria, de ne pas vous alarmer avec tant de facilité.
Marcelino Sanz Mateo
*/En réalité Juan son gendre et époux de sa fille Maria, c’est évadé le samedi 13 mai 1939 à huit heures et demi de l’après-midi du camp. Après plusieurs jours de cavale, il a été repris et à rejoint à nouveau la 11ème CTE. (Attendre sa lettre du 7 juin 1939).