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Quarante-troisième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basse-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 30 octobre 1939

Tu me prie de t’écrire par retour de courrier. Crois-mois, c’est ce que je fais toujours. Il est étrange que vos lettres mettent moins de temps à me parvenir que les miennes à vous ! Je ne sais pas à quoi cela est dû, puisqu’elles parcourent la même distance…
Continue à faire tout ce que tu peux pour voir si, grâce aux uns et aux autres, nous pouvons obtenir que j’aille travailler de votre côté ou, au moins, de pouvoir me rapprocher.
A propos de l’argent, eh bien, finalement tant que nous demeurerons ici nous n’en manquons pas, si ce n’est pour vous en envoyer. Cependant, si jamais on nous laissait partir, alors oui, nous en aurions besoin pour le voyage. Vous ne nous l’enverrez que dans ce cas précis. En fait, si par médiation de Sebastian ou de Maria, vous trouverez un patron qui nous réclame, c’est vous qui serez les premiers au courant. Etant nous deux complètement à l’écart de la vie civile, c’est vous qui pouvez avoir la possibilité de nous ouvrir la porte de la liberté.
Je suis heureux que vous, mes fils et mes filles soyez revenus des vendanges en ayant de belles couleurs, pleins de santé et contents de la façon que vous ont traité les patrons et leur personnel. Lorsqu’il faisait ici mauvais temps, j’avais beaucoup de peine en pensant que vous ne pourriez pas supporter la pluie persistante.
Cher fils Sebastian. Je réponds à ta lettre datée du 24. Je vois que tu as eu beaucoup de chance en ayant été vendanger, puisque tes patrons t’ont bien traité, et veulent même que tu ailles travailler dans leur propriété. Tu ne peux pas t’imaginer le degré de ma satisfaction en apprenant que tu as su t’acquitter de ton devoir. J’espère que tu continueras à te comporter comme tu l’as fait. Ne te crève pas au travail, car « plus fait la douceur que la violence ».
Ne te mêle pas bêtement aux discussions sur la politique, car c’est où s’élèvent ceux qui sont méchants et où s’écroulent ceux qui sont bons.
Nous à partir d’aujourd’hui, nous devons être neutre parce que nous avons souffert suffisamment pour mériter le droit de manger, travailler et dormir en paix. Cela dit, moi, je ne veux plus participer aux discussions politiques de mes compagnons, puisque je me rends compte que chacun de nous pense à sa façon. Il n’existe pas de vraie union entre nous. Nul ne peut avoir tort. Tous nous prétendons détenir la vérité réelle. Comme on dit habituellement : « tant de têtes, tant d’opinions ».
Chers Valero et Juana. Merci pour votre lettre. Maria, je te suis reconnaissante pour ton aimable lettre, et je te félicite pour le soin que tu témoignes à tes frères.
Dans le colis que j’ai reçu il manque un morceau de savon.

Marcelino Sanz Mateo

Quarante-deuxième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 21 octobre 1939

Avec cette lettre je réponds à la vôtre du 15. Je suppose que les trois vendangeurs se trouvent déjà en ta compagnie. Certainement ils sont revenus avec la santé rétablie. Nous, nous ne pouvons pas nous plaindre.
Benigna, tu désires savoir ce que je pense au sujet de la demande du patron de Sebastian. Eh bien, ma pensée est claire comme la lumière du jour : j’ai toujours été contre un apprentissage aux travaux de la terre mais, puisqu’à cause des circonstances nous ne pouvons pas agir comme nous le voudrions, « faute de grives, on mange des merles ». S’il se trouve bien dans cette ferme, et s’il désire travailler la terre jusqu’à qu’il ait la possibilité- et le droit- de travailler dans un atelier pour obtenir le brevet de mécanicien, alors en ce qui me concerne, il peut faire ce qui lui convient le mieux. Pour le moment, s’il mange aussi bien qu’il le dit, le voilà, lui, sain et sauf et, donc, pouvant t’aider. Il faut saisir n’importe quelle planche de salut jusqu’au jour de notre libération.
Tu m’annonces qu’on vous a fait savoir qu’on vous mettra dans un camp, ou dans un autre lieu, puisque les vendanges sont terminées. Cela ne se peut en aucune façon ! Même si on décide de vous jeter dehors de force, comment pourrais-tu partir en laissant Sebastian en France ? Moi je pense que si ledit commissaire vous parle ainsi c’est uniquement pour vous chercher des crosses, et cela parce que tu as eu l’audace de lui demander des explications. Depuis lors, il te crie qu’il en a assez des espagnols… Qu’il vous expulsera en Espagne… Et dire que nous devons supporter ces humiliations sans pouvoir nous opposer, ni demander des explications. Si, soit des uns, soit des autres, une occasion se présente, on ne peut la laisser passer. C’est qu’ils sont en train de nous rendre l’existence bien plus compliquée qu’elle ne l’est ! Au « qui ne dit mot consent », nous ajoutons « ce n’est consentir quand on nous défend de parler ! » Vienne le jour où nous pourrons dire les choses en face !
Je reviens à ce que t‘a dit-ou t’a répondu-monsieur le commissaire : qu’au lieu de vous placer il vous jettera hors de France ». Apparemment, ce monsieur est un demeuré violent. Logiquement il ne peut pas vous expulser alors que Sebastian et moi travaillons. Il nous expulse tous ou personne. De toute façon, n’ai pas peur parce que ce monsieur, tout commissaire qu’il soit, n’a pas le pouvoir d’un ministre. Je ne comprends pas qu’il existe des gens qui puissent blesser et retourner le couteau dans la plaie de leurs malheureux semblables. Il convient donc que Sebastian et moi travaillons. Si, ce que je ne crois pas, on nous sépare pour la deuxième fois, en employant la force, lis attentivement ce qui suit : de tous les habits et objets qu’on t’a donné, qu’on te donne ou qu’on peut te donner, supprime l’étiquette de leur provenance et, à leur place, marque mon nom afin que personne n’ait l’insolence de t’accuser comme voleuse car, comme le prouve le proverbe : « chacun mesure les autres à son —». Je ne pense pas que nous arriverons à cet extrême, mais soyez prévoyants, au cas où vous soyez fouillés par ceux qui vous gouvernent.
« El Fin » a reçu une lettre de sa mère, laquelle lui donne des étreintes et des bons souvenirs pour nous et… rien de plus. Aujourd’hui je vais écrire en Espagne, pour voir si celle-ci arrive et si nous pourrons savoir quelque chose de notre famille.
Ci-joint, je t’envoie une photo des cinq qui travaillons, mangeons et dormons ensemble. Parmi nous se trouve « el Fin ». Quoique étant floue, tu as enfin devant tes yeux la photo que tu m’as tellement demandée.
Alicia, je vois dans ta lettre que tu désires m’embrasser, tout autant que moi-même je désire t’embrasser. Lauro, ça me plaît que tu me dises que tu es espiègle, preuve que tu te développes parfaitement. Anastasio, j’observe que lorsque tu ‘appliques tu sais bien écrire.

Marcelino Sanz Matéo

Les cinq compagnons du marabout de Marcelino (avec le chapeau), plus Juan accroupis.

Quarante et unième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 17 octobre 1939

Grande a été ma joie quand j’ai reçu votre lettre du 10. Savoir que Sebastian s’est bien comporté avec ses frères et qu’il a donné toute satisfaction à ses patrons, est pour moi un réconfort.
Benigna, tu désires que Sebastian reste dans la ferme où il a vendangé. Eh bien, qu’il fasse ce qui lui semble le mieux. Puisqu’il n’y a pas la possibilité ni les moyens pour qu’il travaille dans un atelier, nous devons nous faire une raison jusqu’au jour où nous pourrons mener notre barque. Tu sais que je suis toujours prêt à te donner raison, puisque, ne vous voyant pas, je ne puis donner mon avis sur ce que vous devez faire. Ne pouvant commander, je me contente de vous conseiller le mieux possible. Dis aussi à Maria, Valero et Juana qu’ils se comportent comme il se doit afin de démontrer aux Français que nous avons de l’éducation, et que nous savons accomplir respectueusement la parole donnée. Un conseil profite plus aux petits qu’aux grands.
Tu prétends que je sortirais de ce camp si un Français me réclamait pour travailler. Alors, si vous connaissez une ferme qui cherche, même un manœuvre, j’accepte l’offre. Renseignez-vous, et si vous avez de la chance de me trouver un emploi, quel qu’il soit, je suis prêt à partir d’ici, même en marchant. La chose primordiale est de m’approcher de vous. Si par l’intermédiaire de Sebastian, ou de Maria, vous trouvez dans votre contrée un patron qui cherche à engager quelqu’un, je me propose pour effectuer toutes sortes de travaux de ferme, ceux des champs et ceux concernant les animaux. Si jamais l’un des intéressés exige des renseignements sur ma personne, connaissant mon adresse il peut les demander au capitaine Vidal, lequel est le chef de notre compagnie, et a le droit de lui donner les détails qu’il désirera sur ma conduite.
A propos du document que tu me réclames, je te l’enverrai lorsque Juan enverra le sien à Maria, économisant ainsi un timbre. Nous étions au courant des démarches que tu nous demandes.
Qui sont ceux qui vous ont dit qu’on nous intégrera au camp d’Argelès sur mer ? Quoique ne sachant rien de cela, nous ne croyons pas que ce que tu nous racontes se produira.
Je dois te dire que j’ai reçu une lettre d’Espagne, laquelle ne me dit rien clairement. Le plus étrange est qu’elle a été postée à Saragosse. Nous tous pensons que là-bas règne une grande répression. Que font-ils du pardon et de la miséricorde du Christ ? Donc, nous ne retournerons pas en Espagne en aucune manière. Tu m’implores d’écrire à la famille. Je me garderai bien de le faire directement ! Je vais voir si je peux communiquer avec eux sans leur donner mon adresse ni mon écriture. Même en prenant des précautions, je crains de les compromettre plus que selon moi ils le sont.
Aujourd’hui même je t’envoie un colis de vêtements : un pantalon, un gilet, une veste et un morceau de savon. Ce sont des choses dont je n’ai pas besoin. J’ai encore deux paires de chaussettes emportées de la maison. Pour l’instant, tu n’as pas à te mortifier pour moi car je ne nécessite rien, rien si ce n’est ta compagnie et celle de nos enfants. Nous attendrons le temps qu’il faudra pour nous occuper des fils qui sont à tes côtés.
Enfin on a changé d’endroit ! On nous a fait descendre dans un village et logé dans huit maisons qui n’étaient pas occupées. Ici, la température est meilleure*. C’est Juan qui nous ravitaille avec son camion. De sorte que tous les jours nous restons un moment ensemble. Voilà huit jours, lui-même m’a photographié avec mes compagnons de marabout.
Nous ne pouvons pas nous plaindre de l’intendance.

Marcelino Sanz Mateo

*/ Marcelino et ses compagnons seront restés sous des tentes marabout entre le 1er mai 1939 et le 15 octobre 1939 et cela à 2058 m d’altitude.

Quarantième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 5 octobre 1939

Dans votre lettre du 29 septembre tu me dis que les vêtements que je vous ai envoyés sont un peu noirâtres. Cela est dû à ce que, dans le camp d’Argelès, je les ai fait bouillir avec des vêtements de couleur bizarre. Donc, accepte sans réticence ce que je t’envoie.
Je partage la décision que vous avez prise d’aller vendanger. Oui, je suis content qu’ils aillent gagner ce qu’ils pourront afin de t’aider dans les dépenses et puissent manger à leur faim. Dis à Sebastian que les vendanges terminées il doit retourner à l’atelier. J’ai toujours pensé être le tout dernier agriculteur de ma descendance. La terre a peu d’avenir et beaucoup de fatigues. Si Juana va avec Maria, c’est d’accord mais, si elle n’accompagne que ses frères, il ne me plait pas qu’elle te quitte, et cela à cause des nuits. Tu sais bien que les hommes ont pour habitude d’aller faire la bringue en abandonnant les femmes. D’après des rumeurs tu crois qu’à la fin des vendanges on va dissoudre « el Refugio ». Que cela ne t’afflige pas parce que les fils sont en mesure de t’aider, et pourront continuer leur aide si le cas se présente. Nous n’avons besoin que de la santé, de la liberté et du travail. Ne souffres pas pour tout le reste et dis-toi, ce qui se dit en Aragon :

Celui qui a de la peine meurt,
tout comme celui qui n’en a pas ;
A de la peine qui voudra.
Quant à moi, je ne veux pas en avoir.

Toi, courage ! car le temps qui passe met fin à toutes les choses. Alors, prolongeons un peu notre patience…Dis à Sebastian de ma part que je partage l’allégresse qu’il a d’aller travailler. Dis-lui également qu’il n’oublie pas le grand nombre de conseils que je lui ai donné. Un jour il comprendra que j’ai toujours pensé à son devenir. Dis-lui instamment de ne jamais oublier ce que nous avons vécu, car il n’aura pas meilleur exemple pour le faire réfléchir sur ce que peut être la vie et ce que sont les hommes.
Chère fille Maria, je tiens à te communiquer la joie que j’éprouve en sachant que tu es très contente d’aller vendanger. J’en profite pour te faire cette recommandation : Juana doit rester avec toi afin que tu veilles sur elle, vu qu’elle est encore très jeune. Voilà qu’elle est ma décision. S’il ne peut en être autrement, elle doit demeurer avec sa mère. Je te confie cela parce que, étant une bonne fille, ton père sait que tu lui obéiras pour le bien de ta sœur et pour la tranquillité de tous.
Cher fils Valero. Je te remercie pour la volonté que tu témoignes et pour le bon souvenir que tu as de ton père dans tes pensées. Il suffit que tu me dises que tu as envie de travailler afin de nous aider, et que tu penses beaucoup à ton père, pour que je sois heureux et orgueilleux de mes fils. Alors, continues à penser en celui qui te conseillera le mieux pour que tu sois sur le bon chemin.
Chère fille Juana, je te dis la même chose qu’à ton frère Valero : merci pour la volonté qui t’anime et pour le respectueux comportement que tu témoignes à ta mère et à ton père lequel t’aime beaucoup et veille sur vous tous.
Cher fils Anastasio. Ta lettre m’a satisfait, malgré ta toujours mauvaise écriture, preuve que tu n’écris guère et, par conséquent tu ne fais aucun cas de mes conseils.

Marcelino Sanz Matéo

Trente-neuvième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 3 octobre 1939

Dans votre lettre du 24, j’apprends que votre état suit son cours régulier, et que Sebastian, Valero et Juana ont l’intention d’aller vendanger. J’ignore de quelle façon se présentent ces vendanges. J’ignore si elles auront lieu dans la commune où vous êtes ou dans une autre, plus ou moins lointaine.
Benigna, si nos enfants doivent aller vendanger hors de votre village, n’oublie pas que la nuit, ils ne pourront pas rentrer pour dormir avec toi. En sachant que Juana est déjà presque une femme, il m’est difficile d’admettre qu’elle ne reste pas près de toi. Si les vendanges ont lieu où vous êtes et que Juana peut revenir au Refugio toutes les nuits, ils peuvent y aller tous les trois. Cela permettra de mieux manger et d’empocher les sous qu’on leur donnera. En ayant des francs vous pourrez mieux supporter votre pénible situation jusqu’au jour de notre union, jour qui ne peut pas tarder longtemps. Il faut donner à la patience un peu plus de temps. Echaudés par la guerre en Espagne, nous savons qu’il nous faudra encore souffrir dans celle qui est en train de perturber la nation qui nous donne asile. Nous avons fui un conflit pour tomber dans un autre. Nous sommes nés sous une mauvaise étoile.
Vous ne pouvez pas savoir combien je souffre de savoir que vous êtes dans une telle gène, et cela d’autant plus que je ne peux rien résoudre pour l’instant. Je suis pour ainsi dire enchainé. Je garderai pour vous tout ce que je pourrai, bien que mon aide soit petite.
Tu me demandes combien je gagne. Nous gagnons deux réales* (50 centimes) par jour et, les fois où nous devons trimer plus que la normale, on nous donne une prime d’un, deux ou trois réales. Moi, comme je suis considéré comme maçon, je suis l’un de ceux qui touchent le plus, presque autant que les contremaîtres. En additionnant les heures, je touche en fin de mois 28,75 francs. Après avoir payé les timbres-poste, le papier à lettre et l’envoi de quelques colis, quelle somme je puis épargner ? Quand bien même nous supportons notre patience en prenant notre courage à deux mains, le fait de gagner pareille misère en travaillant comme un nègre, ça me rebelle. Ici, pour autant que tu trimes et économises, on ne peut pas donner raison à ceux qui disent que pour prospérer, on doit se lever de bon matin et épargner un tant soit peu.
Si ce mois-ci on me paye comme les précédents, je vous enverrai si je peux un autre colis contenant un pantalon, un gilet, une veste et les francs que je pourrai. Voyons si vous pouvez supporter le froid, en faisant de votre mieux. N’oublie pas de m’énumérer les vêtements et autres articles que tu recevras dans chaque colis.
Revenant à ce qui concerne l’Espagne, eh bien, « el Sésé » a écrit à Juan sans lui dire quoi que se soit sur notre famille, et cela alors qu’il nous promit de nous conter tout ce qui se passe dans le village. Alors imagines-toi ce qui se passe là-bas.
Cher fils Sebastian. J’espère que, à l’exemple de Maria, tu te comportes bien dans ton emploi. Ma plus grande joie serait que, aussi bien toi que Valero, vous puissiez travailler pour aider votre mère et vos frères. Et je serais vraiment comblé si vous pouviez travailler dans un atelier.
Si vous voulez vraiment vendanger, une fois les vendanges terminées, n’apprenez pas à travailler la terre. Insistez opiniâtrement pour retourner à votre métier parce que, comme on dit avec raison :
« L’agriculture enrichit le marchand et abrutit le paysan ».
Bon souvenir de « el Fin ».

Marcelino Sanz Mateo

*/ en 1939 ; un timbre-poste vaut 80 centimes

Trente-huitième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où in travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 22 septembre 1939

A la question que tu me poses sur le froid, je réponds que vous ne devez pas vous inquiéter pour moi à ce sujet parce que, sûrement le 26 du mois en cours nous quitterons ce camp pour nous installer dans un autres situé quelques kilomètres plus bas et, donc ayant une température plus douce. Cependant, même si nous devons rester dans ce camp, je ne souffrirai pas du froid, vu que j’ai suffisamment de vêtements pour le combattre. En parlant de vêtements, je suis très étonné que vous n’ayez rien dit à propos des deux paquets que Juan et moi nous vous avons envoyés. Dans ta prochaine lettre n’oublies pas de me détailler ce qu’ils contenaient. Je sais que vous êtes plus à même de prendre qu’à me donner des vêtements parce que, d’ici je vois que c’est vous les nécessiteux. Ne te creuse pas la tête pour moi. Sois tranquille. Je ferai tout mon possible pour vous envoyer ce que je pourrai, même si c’est peu, tout en sachant qu’avec peu on fait peu de chose, mais je le ferai. Une nouvelle fois, je te répète de revoir mes conseils. Les circonstances exigent que nous ayons la capacité nécessaire pour continuer à vivre. Il faut se soumettre jusqu’au jour annonçant notre nouvelle vie, et cela en nous accrochant aux bons moments qui passent, pour si brefs qu’ils soient, car ce qui est bon fait beaucoup de bien, et ce qui est mauvais fait très mal.
Pense que si nous étions restés en Espagne, notre situation serait bien plus dramatique. Nous n’aurions plus l’espérance de nous voir parce que nous serions séparés à tout jamais. Oui, tout serait pire. Il y a beaucoup de gens qui, pour n’avoir pu, ou pas voulu passer la frontière, sont des victimes malheureuses. Tous les espagnols, ceux de là-bas comme ceux d’ici, sommes forcés d’approuver le proverbe qui dit « le malheur des uns fait le bonheur des autres ».
Hier, 21 septembre, j’ai revu Juan, en prévision de notre transfert, on l’a fait monter à notre camp. Nous avons passé un grand moment ensemble, nous commentant les choses de la vie. Il m’a dit qu’il se trouve très bien dans le village d’en bas où il exerce son métier, ce qui est une bénédiction. Mieux vaut travailler avec plaisir qu’à contrecœur, même en gagnant plus.
Juan a reçu une lettre de sa mère où elle écrit que s’il retournait en Espagne il travaillerait avec son oncle (celui qui est depuis longtemps enterré dans le cimetière) et, comme les morts ouvrent les yeux aux vivants, Juan est prêt à résister tout ce qu’il pourra ici, ou ailleurs, plutôt que de retourner en Espagne.
Nous ne pouvons pas nous faire photographier parce que celui qui avait l’appareil est parti pour la guerre. Nous nous ferons photographier sitôt que nous en aurons l’occasion.
Je dois te dire que « Gracia » et moi avons reçu une lettre du « Valenciano » le jeune, du cousin « d’Ignacio », de « Meseguer » et de « Corteso » l’ainé, lesquels sont ensemble dans le camp de Gurs*.
Ledit « Valenciano » se trouvait dans un hôpital pour se faire opérer mais, à cause de la guerre, on l’a renvoyé au camp sans s’être occupé de lui. Je ne comprends pas un tel geste de la part des autorités d’un pays républicain comme la France, patrie de Pasteur. Dans leur lettre ils nous content qu’ils ont demandé de les envoyer travailler n’importe où, parce qu’ils sont las de leur misère et de leur ennui. Ils sont prêts à signer les yeux fermés pour qu’on les envoie où l’on voudra, sauf retourner en Espagne tant que les circonstances resteront ce qu’elles sont. Ils nous racontent que le fils de « Juana la Aleta » se trouve en leur compagnie et qu’elle a reçu « les garanties ». Après avoir beaucoup réfléchi, brusquement, elle a décidé de partir pour l’Espagne. La misère et la peine ont vaincu sa faible patience.
Tu me demandes des nouvelles « de el Fin ». Il est toujours au même marabout que moi. Le 3 du mois, il a reçu des lettres de sa femme et de sa fille. Bien que ce qu’elles écrivent soit un embrouillement, nous croyons que « les Sésé » sont arrivés au village.
« El Ignacio » est parti en Espagne le jour 4. Il nous a écrit du Barcarès. Lorsqu’ils arriveront à destination ils nous écriront, les uns et les autres. Tout est question de temps.
Tu insistes à croire que j’ai froid et moi je te répète de ne pas souffrir pour moi. J’ai assez de vêtements. Ceux que je t’envoie je les ai en trop et la majorité me serrent, preuve que je grossis. Je sais que c’est vous qui en manquez parce que, étant nombreux, le peu que vous avez ne peut être moins que peu. Tu me demandes combien ça fait de temps que je n’ai pas vu une tomate. Eh bien certains jours nous avons vraiment mangé des tomates.
Cher fils Sebastian. Tu peux t’imaginer qu’elle a été mon humeur en apprenant que malgré ton obstination, tu ne peux pas continuer dans l’atelier. J’ose croire que si la guerre se prolonge tu devras trouver du travail. J’imagine que dans votre village il y a d’autres ateliers, et que la France ne va pas freiner sa production quand elle en a plus besoin qu’hier.
Quoi qu’il en soit, toi, cherche tout ce que tu peux faire dans d’autres ateliers, même dans ceux de moindre catégorie. Lorsque tu m’écriras, dis-moi dans lesquels on a besoin d’ouvriers ; je tacherai de dire au commandant s’il peut te donner une recommandation.
Tu as besoin de travailler pour apprendre. Le peu que tu es en train de faire ne t’apportera aucun profit. La seule chose qu’il y a de bon, et en ce moment c’est très appréciable, et que, en aidant les cuisiniers, tu auras l’occasion de mieux manger et de voir ta mère.
Cher fils Valero. Ne me disant rien de ce que tu fais, tu ne peux que passer le temps sans avoir le moindre emploi. Si au moins, tu en profitais pour apprendre le français. Je suppose que tu sais déjà le parler un peu, bien que, tu ne me le dises pas. Révise le calcul afin que tu saches le jour où tu travailleras.
Mon cher fils Anastasio. Je me rends compte que tu es un bon joueur et un étudiant passable. N’arrête pas de jouer mais tache de consacrer quelques moments à l’étude, car tu as largement du temps pour tout.
Chère fille Juana. La seule chose que je te demande est que tu aie le penchant d’aider ta mère, car si elle vient à tomber malade, c’est toi qui seras la maîtresse de maison.
Benigna, je t’envoie le timbre-poste que j’ai trouvé. Il te permettra de m’envoyer une lettre gratuitement.

Marcelino Sanz Mateo

*/le camp de concentration de Gurs est situé sur la route entre Oloron St Marie et Navarrenx, dans le département des Basses-Pyrénées (Pyrénées Atlantiques). Il est ouvert le 15 mars 1939. Il va recevoir les aviateurs Républicains, les Brigadistes, et des Paysans. Les conditions de détentions y sont terribles, on va y compter jusqu’à 45 morts par jour.

Camp de Gurs (Basses-Pyrénées).

Le samedi 21 à Mallefougasse

9h à 12h / 14h à 17h : Exposition dans l’église du village
Visite guidée à la demande

À Montlaux

Samedi 21 : à 18 h ouverture de l’exposition / 20h veillée, partage d’histoire et de douceurs, musique.

Dimanche 22 :

  • 9h / 18h exposition dans la salle des fêtes
  • 10h et 14h visite guidée du Vieux Montlaux
  • 16h départ de la dernière visite avec à 17h
  • lecture et musique devant les remparts.

Trente-septième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 14 septembre 1939

Même si dans votre lettre du 8 tu me dis que tu es forte, j’ai l’impression que tu es allée à l’hôpital, parce que c’est la pire des choses qui puisse nous arriver quand nous avons besoin de plus de santé que jamais. Le rhumatisme est une maladie très longue. Il attaque au mauvais endroit, mais je suis convaincu que tu t’es bien rétablie pour continuer à lutter contre notre malchance. Essayez de ne pas toucher l’eau froide. Evite-la de toute tes forces parce que je sais que c’est un poison pour tes os. Prends bien soin de ta santé afin qu’au jour ne notre union nous oublions tout ce qui s’est passé depuis notre évasion de chez nous. Débarrasse-toi du désespoir que tu as en regardant et en écoutant ce que nous avons vécu, et maintenant, ce que nous traversons en France.
On sait que parler trop du temps, c’est perdre son temps. Toi-même tu te conformeras en étudiant avec intelligence ce que tu dois et peut faire pour vaincre le désespoir. Lorsque le jour viendra, et il arrivera ! que tout cela sera fini, nous profiterons avec plus de désir du temps qui nous reste, vivant comme des êtres humains. Pour tout cela, je te prie de prendre ton mal en patience et de méditer cette leçon, encore une des nombreuses que je t’ai donné, et tu verras comment tu vivras plus protégée par ta santé. Ne désespère pas. Récupère ta santé, comme le reste, avec patience et beaucoup de travail. Pour te rendre heureuse, et te faire abandonner ta mauvaise humeur, je te chante cette « Jota* » :

La femme mise en amour,
jette plus de feu que la foudre,
et mise en détestation,
d’une puce fait un cheval.

Jette les douleurs dans l’air. Revêts-toi de sérénité et garde confiance, c’est ce qui moi, me fait vivre. A quoi bon dire « il vaut mieux mourir », sachant que nous devons tous mourir ?
Une chanson dit :

La peine est en train de me tuer
Et le monde continue de tourner

Par conséquent, le génie et la figure à la tombe. Puisque, cahin, caha, nous devons marcher, nous marchons en regardant devant nous, et pas découragés ou maudissant la route pierreuse.
Tu ne me dis pas si les réfugiés qui vous ont rejoints sont espagnols ou français. Si comme tu me le dis, vous êtes seul dans une maison, je pense que vous serez bien. Tu me diras comment ils vous fournissent, ce que vous avez pour dormir et si vous avez des besoins et de quoi vous habiller. Dites-moi si vous avez reçu les deux paquets que nous avons envoyés, un Juan et un autre moi. Le mien contient deux maillots de corps, un slip (de ceux que j’ai amené de la Junquera), trois pulls et des pantalons pour Sebastian, que « le Sésé » m’a donnés.
Tu me dis que je suis très vieux. Eh bien, je n’ai que 45 ans et j’ai beaucoup de force avec laquelle, malheureusement, je ne peux pas faire ce que je ferais si j’étais à vos côtés. Je le veux vraiment mais je ne peux pas l’avoir. Heureusement, j’ai de l’espoir et la patience nécessaire. Tu me demandes ce que nous faisons. La même chose : travaillant toujours dur la même route. Comme je te l’ai dit, nous serons bientôt déplacés car nous sommes près d’avoir terminé la chaussée. Nous ne savons toujours pas s’ils nous descendront où se trouve Juan.
Tu te plains que les enfants sont agités. C’est une bonne nouvelle qui me rend très heureux parce que ce que je ne veux pas, c’est qu’ils soient trop calmes et trop chétifs. Comme les petits animaux, les enfants doivent être en mouvement.
Mon cher fils Sebastian. Ta lettre du 16, me rend heureux, puisque tu es en bonne santé, et je suis désolé que tu ne puisses pas travailler dans ton métier parce qu’étant étranger. Un jour viendra où nous pourrons t’instruire. Ne perds jamais la passion qui sera notre avenir. Maintenant que, bien sûr, tu es au chômage, essaye de faire quelques leçons, ce qui te permettra d’apprendre, parce que tu as trop de retard en écriture ; et il serait même moche qu’un homme qui veut devenir mécanicien ne sache pas percevoir qu’il a une écriture si mauvaise, et qu’il fasse tant d’erreurs en écrivant pour ne pas avoir à prêter attention à l’importance de l’enseignement.
Mon cher fils Valero. Malgré ta malchance, je suis heureux parce que tu me montres ton ressentiment de ne pas avoir pu (pas même essayé) de travailler avec ton frère, l’un pour apprendre et l’autre pour contribuer au mieux-être de tout le monde. Etant donné qu’à cause du changement de la situation, cela ne peut pas être, je te demande, bien sûr et encore une fois, que tu essaye d’étudier, en particulier le calcul. Un jour, tu verras la magie et l’importance qu’ont les chiffres.
Ma chère fille Juana. Ta lettre m’a donné grande satisfaction. Je vois que tu as de la bonne volonté. Toi aussi, étudie tout ce que tu peux.
Mon cher fils Anastasio. Tu ne peux pas imaginer qu’elle est ma joie quand je reçois ta lettre. Merci pour tes vœux de santé, que j’ai bonne. Prends soin de la tienne. Maintenant que tu peux jouer et étudier tout le jour, fais l’un sans jamais quitter l’autre.

Marcelino Sanz Mateo

*/chant et danse d’origine Aragonaise et Navarraise.

Bulletin d’information n° 29 (4 septembre 2019)

Programme de l’association pour le trimestre à venir

Le mardi 11 septembre à 17 heures : débroussaillage au vieux Montlaux, rendez-vous devant la salle des fêtes. Venez avec gants et outils.

Le dimanche 15 septembre à 10 heures : débroussaillage au vieux Montlaux, même rendez-vous, mêmes équipements.

Le samedi 21 septembre : journée Européenne du patrimoine à Mallefougasse, avec visites commentées du village à 10 heures et 14 heures. Départ devant l’église. Exposition de nouveaux documents et photos.

Le dimanche 22 septembre : journée Européenne du patrimoine à Montlaux, avec visites commentées du vieux village à 10 heures, 14 heures et 17 heures. Départ devant la salle des fêtes. Exposition de nombreux documents dans la même salle.

Le vendredi 4 octobre aux Archives Départementales de Digne : journée « spécial Retirada » pour les élèves des collèges et lycées du département.

Le vendredi 11 octobre à Montlaux : conférence sur les champignons sanguins animée par Daniel Mousain, le spécialiste du sanguin. Chercheur, ancien directeur de l’Inra Montpellier, et de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture, membre de la société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault.

D’autres photos à découvrir lors des journées du patrimoine.

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Le travail long et fastidieux de la retranscription des comptes-rendus des conseils municipaux de Mallefougasse de 1790 à 1946 est toujours en cours. Ce seront encore des documents intéressants à faire connaitre.

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La diffusion des lettres de Marcelino continue avec de plus en plus de commentaires émouvants et passionnants sur cette correspondance.

La conférence du 17 août dernier a été un beau succès (Plus de 150 personnes y ont assisté) suivie par une excellente paella préparée par Philippe et Nicolas et accompagnée par une animation musicale émouvante de mon ami Thierry.

Il reste au Parpaillon quelques vestiges de la route construite par Marcelino et ses compagnons d’infortune

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Laisser passer pour la peste de 1722

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Suite de nos informations au prochain numéro. Patrick

Trente-sixième lettre de Marcelino, écrite de la Condamine Chatelard, dans les Basses-Alpes, où il travaille à la 11ème CTE.

La Condamine Chatelard, 3 septembre 1939*

Avec cette lettre je réponds à la vôtre du 30 août. Concernant ce que tu me demandes sur nous, eh bien oui, je crois que nous serons bientôt transférés à un autre endroit puisque nous sommes en train de finir les travaux. Quelques compagnies proches de la nôtre ont été déplacées quelques kilomètres plus bas pour construire une autre route. Nous serons obligés de les suivre puisqu’où nous nous trouvons il nous sera bientôt impossible de travailler à cause de la température trop basse. C’est Juan qui, avec le camion qu’on lui a confié, évacue lesdites compagnies et continue à approvisionner les camps de travailleurs espagnols des Basses-Alpes. Peu à peu, nous nous rapprocherons. Nous, nous dominons le froid. Le problème est que vous puissiez vous débrouiller, même en peinant, durant cette période froide, triste et assez longue. Surtout ne vous découragez pas. Il faut que de ce que nous subissons, vous sortiez bons et non rebelles. Ayez de la force pour conserver le courage, car si vous le perdez nous ne pourrons pas profiter de la joie que nous aurons le jour où nous serons ensemble.
Je souhaite que ces mots soient un soulagement pour tous. Aussitôt que nous serons réunis nous ferons en sorte que nous entreprenions une nouvelle vie. Agissez pour que ce jour tant espéré soit joyeux comme un pinson. La guerre chemine une fois de plus la faux à la main. Comme la majorité des gens, nous ne savons pas jusqu’où elle arrivera ni ce qui s’en suivra, alors, vous faites attention. Moins vous parlerez du conflit et mieux ce sera. Si on vous incite à répondre aux questions sur ce thème, taisez-vous. « A folle demande, point de réponse ». Car on ne sait jamais avec qui on parle, il est bien connu qu’avec la langue on peut faire plus de mal qu’avec un poignard. Aussi bien dans les conversations que dans les lettres, ne vous engagez pas, ni vous, ni quiconque. En temps de guerre les dommages sont habituellement très graves. Ces avertissements sont pour vous tous, et spécialement pour les garçons.
Benigna, ne te laisse pas commenter qui sont les bons ou les méchants si tu désires n’avoir pas d’ennuis.
Cher fils Sebastian. J’ai reçu ta lettre du 30, laquelle m’a fait plaisir en sachant que ta santé est bonne. Sur ce que tu me dis de Valero, n’y attache pas autant d’importance. Je n’éprouve pas de peine pour lui, mais pour toi, puisque tu dois abandonner l’atelier. J’avais le pressentiment qu’il se passait quelque chose à ce sujet puisque je vous ai demandé l’adresse de ton patron et vous ne me l’avez pas donnée. Votre comportement m’étonna mais j’avais confiance. Mais, cela dit, je veux que tu sois sincère et bien entendu, tu me dises la vérité. Dis-moi si c’est un ordre du Préfet, du patron, ou parce que tu as fait une faute. Tu ne dois rien me cacher, quelle qu’ait été la raison de ton renvoi, nous pouvons faire quelque réclamation. Je crois que, vu l’état présent de la France, il est invraisemblable qu’on congédie les travailleurs quand on a le plus besoin d’eux. Si ce n’est pas une erreur, c’est qu’il y a eu faute. Réponds-moi vite, avec sincérité, car les choses mal faites, après les avoir commises, ont plus tendance à être réprimandées que corrigées. Quelqu’un a dit cela pour que je puisse te le dire aujourd’hui, un jour de plus des jours graves que nous vivons.

Marcelino Sanz Mateo

*/Après l’invasion de la Pologne par Hitler, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, c’est le jour de la mobilisation de l’armée française.