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C’est sous un soleil retrouvé et après une longue période de confinement que deux archéologues ont entrepris ce mardi 12 mai 2020 des sondages dans l’église Saint Jacques du vieux Montlaux.

nos deux archéologues sont à pied d’œuvre.
les premiers déblaiements laissent apparaître une couche de lauzes au milieu de quelques beau blocs de parement
son t’elles des éléments de toiture
un peux plus profondément apparaissent des traces de chaux et de mortiers
qui laissent supposer un reste de sol.

La suite à demain

Bonjour.

En ce premier jour de non confinement, notre nouveau local situé dans l’impasse de la bergerie à Mallefougasse est accessible à tous.

Venez le découvrir, vous y trouverez tous nos documents et autres photos, diaporamas en libre accès.

Dans un premier temps le local sera ouvert les mardi, jeudi et samedi de 14 heures à 16 heures, on vous y attend autour d’un bon café.

Nous avions commencés avant cette pandémie de merde, à travailler à plusieurs à la mise en valeur et à l’aménagement de notre futur local. Confinement oblige et par mesure de sécurité , je suis seul depuis quelque semaines à y travailler.

Dès le retour à la liberté, nous vous présenterons nos travaux. Mais en attendant voici quelques photos sur l’évolution des travaux en cours.

les joints des murs sont terminés et l’aménagement à commencé
les cadastres Napoléonien de Mallefougasse et Montlaux sont en cours de traçage
cette bergerie voûtée aura fière allure

Soixante-huitième lettre de Marcelino, écrite de Gorze, dans le département de la Moselle, où il travaille à la 11ème CTE.

Gorze, 12 avril 1940

La présente lettre me sert à vous montrer la joie que j’ai eue en lisant votre histoire me racontant le jour historique que vous avez vécu pour être le jour le plus émouvant de tous ceux déjà passés en France.
Je me représente très bien votre joie et votre émotion à être tous ensembles après tant de jours de séparation. La plus heureuse de tous, c’était toi, la mère qui a eu tous tes enfants à ses côtés, heureuse et fière comme la poule entourée de ses poussins.
Le fait de vous imaginer ainsi, ensemble, me suffit pour me sentir moi-même satisfait et fier. Au moins, je sais, et tu le sais aussi, que tous nos enfants sont prés de toi. Pas étonnant que dans votre bonheur vous ayez senti mon absence avec plus de tristesse. Comme toujours, il manque quelque chose pour que tout soit parfait, mais nous ne devons pas gâcher les quelques occasions où nous devons être heureux.
Mon compagnon de Alpes, celui de la province de Huesca, m’a dicté, entre tant d’autres, cette phrase : « Celui qui perd un moment agréable de sa vie est comme celui qui s’endort au milieu d’un banquet ». D’où il suit que ce qui compte dans la vie, c’est de savoir vivre. Il n’y a pas deux sans trois : dans peu de temps tes bras vont me secouer et je peux te dire combien je suis fier d’avoir préservé intact, l’amour et l’espoir de nous retrouver, chose que beaucoup de parents ne peuvent pas dire à cause de cette période si triste sue nous devons subir. Tant que la confiance n’est pas perdue, nous pouvons croire que nous atteindrons ce que nous désirons tant.
Moi je me sens bien, je suis dans le même état que tu peux voir Juan*. Comme je te l’ai toujours dit, et tu peux le vérifier en écoutant ce que Juan répond, ici nous n’avons besoin de rien. Tu n’as pas à souffrir pour moi. En parlant de Juan, je ne lui écris pas, car, le temps que ma lettre arrive à destination, il sera déjà en route pour la Moselle. Par conséquent, je m’adresse à Maria.
Ma chère fille. Ces lignes sont pour te féliciter pour ce jour joyeux. Enfin, ce que tu remuais tant en pensée s’est accompli. Tu te vois déjà ravie parce qui est un aperçu de l’espoir. Tu étreins dans tes bras l’être aimé. Tu as vu comment le jour tant attendu est enfin arrivé ?
Grâce à ta patience, tu as préservé ta santé et tu peux profiter de cette journée inoubliable. J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas désespérer, je n’ai jamais donné de mauvais conseils. Pour ne pas perdre le cœur et la force dans la résignation, il faut répandre les peines dans l’air pour que le vent les emporte !
Donne le bon souvenir à tes employeurs, à Mesdames « Engracia et Teresa » à tes frères et sœurs et enfin pour terminer, je viens embrasser et réconforter celle qui en a le plus besoin, c’est-à-dire toi, l’épouse et mère.

Marcelino Sanz Mateo

*/ Voir le bulletin suivant pour les explications sur les permissions.

Soixante-septième lettre de Marcelino, écrite de Gorze, dans le département de la Moselle, où il travaille à la 11ème CTE.

Gorze, 4 avril 1940

Dans votre lettre du 1er je me rends compte que vous êtes bien et que l’amélioration de votre situation continue de progresser. Je n’en demande pas plus pour l’instant. Benigna tu te plains que tu as besoin de beaucoup d’argent car tout est très cher. Moi je ne t’impose rien concernant l’administration de l’argent. Je t’ai seulement donné mon opinion sur ce sujet, opinion qui ne varie pas. Je pense que nous ne devons dépenser le peu de francs que nous avons que pour des choses qui même étant utiles, sont indispensables. Nous devons éviter de faire un emprunt à intérêts, puisque nous savons très bien tous deux, pour avoir été punis, que payer de l’argent c’est se casser les bras. La première nécessité de l’homme est de se nourrir afin de conserver la vie. On dit bien : « il est trop tard, après la mort le médecin ne sert à rien ». Parmi tes besoins, tu verras quel est le plus indispensable. Tu me dis que les draps te manquent énormément parce que tu en a assez de dormir sans. Achète-les mais si tu peux t’arranger avec quatre n’en prends pas six. Le moins sera le mieux car, lorsque viendra le jour où nous pourrons nous établir comme des personnes dignes, nous nous meublerons et nous nous équiperons.
Le fait, que tous sont très satisfaits de nos enfants, c’est quelque chose d’important pour tous, car la façon qu’ils ont de se comporter est dû à notre éducation et à l’exemple que nous sommes pour eux. Par conséquent, je veux me conduire avec honnêteté, conduite qui, tant à toi qu’à à moi, nous a été conseillée et démontrée par nos parents. Cela fait que l’on récolte ce qu’on a semé.
Pour revenir à la permission, eh bien, nous pensons que Juan vous verra bientôt et après ce sera mon tour. Nous attendons avec l’impatience et la résignation que requiert cet événement, sans nous désespérer, confiants dans notre destin.
Voici des nouvelles d’Espagne. « El fin » a reçu une lettre de sa femme, lui disant qu’elle a été passer une visite à Barcelona. Elle envoie ses meilleurs souvenirs pour nous tous et aussi, malheureusement, elle dit que mon père est mort en février. En faisant les adieux à mes parents, je savais très bien que nous nous serrions dans les bras pour la dernière fois. Ils portaient déjà beaucoup d’années sur leurs épaules. Comme souvenir mortuaire, nous garderons l’image d’un homme travailleur, honnête et surtout noble qu’il fut. La femme « d’el Fin » dit qu’elle n’a pas pu l’accompagner à son repos éternel, car étant assez malade elle se trouvait alitée. Nous imaginons qu’elle était sa maladie. Elle envoie également à son mari les meilleurs souvenirs « d’el Royo, mon cousin el Marcelino. Selon moi, dans toutes les lettres qui sont arrivées nous avons tout confondu. Il s’en suit donc que ceux envoyaient des souvenirs sont les frères de « Royo ». La « Josefina », celle que je croyais être « la Chula », en fait est la petite sœur « d’el Royo ». Nous tirerons au clair cet embrouillamini quand nous aurons plus de temps.
Cher fils Anastasio. Ta lettre m’apprend que jeudi dernier vous avez eu « une récréation » que vous attendiez depuis longtemps, d’après ce que je lis. Toi Lauro et Alicia avez eu beaucoup de joie étant libres de pouvoir courir selon votre fantaisie. Tu m’écris que vous êtes allés avec votre mère à pied, très loin, à la ferme où travaille votre sœur Juana. Vous avez marché le plus vite que vous pouviez afin de lui donner un baiser et une embrassade. Je sais qu’elle vous attendait à bras ouverts. Ce jour sera pour vous un souvenir historique, puisque c’est le premier jour de fête dont vous avez profité joyeusement, libres comme des oiseaux, depuis votre sortie du « Refugio ». Tu termines ta lettre en me disant que lundi tu retourneras à l’école et que tu as un dessin déjà commencé. Alors nous verrons si, lorsque je viendrai en permission, tu l’auras terminé.
Chère fille Juana. Merci beaucoup pour tout ce que tu me dis à propos de ta mère et de tes frères et sœurs. Tu me réjouis en m’assurant que tu ne tarderas pas à retourner à l’école, comme nous tous le désirons ; mais, tant que tu seras avec tes patrons, tâches de t’acquitter de ton devoir le mieux possible. Ce n’est pas parce que tu vas t’en aller que tu dois faire mal les choses et être impatiente. Ceux de la baraque trouvèrent très drôle l’épouvante qu’eut le commis de la ferme quand vous lui avez offert une des bananes qu’apporta votre mère pour le dessert. Vous me racontez qu’en la voyant, il s’enfuit en courant de la table, épouvanté par un tel fruit. Chaque village à son idiot. Juana, il est évident que tu as besoin d’aller à l’école, car tu as une très mauvaise écriture.

Marcelino Sanz Mateo

Soixante-sixième lettre de Marcelino, écrite de Gorze, dans le département de la Moselle, où il travaille à la 11ème CTE.

Gorze, 26 mars 1940

Dans votre lettre du 24, je vois que vous êtes en bonne santé et bien financièrement. Je me réjouis doublement : premièrement parce que tu as touché l’allocation, de laquelle vous aviez grand besoin, et deuxièmement parce que mon leitmotiv est en train de se concrétiser. J’ai toujours dit qu’il faut s’accommoder du présent en ayant confiance au lendemain. Ce que nous attendons ne sont pas les choses du temps où la Reine Berthe filait, ni ce que dit la chanson :

Ayer me dijiste que hoy, Hier tu m’as dit aujourd’hui,
hoy me dices que manana, aujourd’hui tu me dis demain,
y manana me siras, et demain tu me diras,
que de lo dicho, que de ce qui a été dit,
no hay nada. il n’y a rien.

Nul ne sait ce que nous réserve demain. Donc patience et espérance. Tu es surprise de savoir que ce que je n’ai jamais fait je dois le faire aujourd’hui. C’est vrai, ici je suis en train de faire des cloisons en briques, c’est-à-dire, de faire le maçon.
En ce qui concerne l’annonce de la permission, je crois que tôt ou tard, nous tous l’aurons. Juan m’a déjà dit que le capitaine lui en a fait la promesse. Mais, étant justement parti lui-même en permission nous attendions son retour pour donner suite à notre demande.
Je suis préoccupé en ce qui concerne ta santé, puisque tu me dis, soit que le climat de ta contrée ne te convient pas, soit que tu te sens tout à fait bien. Parle clairement, car je ne te comprends pas. Je te le dirai plus : si tu m’envoies quelque chose je ne t’en remercierai pas, d’autant plus que moi je n’ai pas besoin de ce qu’il vous faut pour se nourrir, se vêtir et se chausser décemment. Attention ! je ne veux pas dire avec cela que tu fasses ce que tu voudras avec l’argent, mais le contraire. Tu sais bien comment le dépenser. Cependant, rien ne m’empêche de te donner mon point de vue. La chose principale est celle de se nourrir, pour que toi tu puisses résister, et les enfants puissent se développer dans de bonnes conditions… En disant cela, il me vient à l’esprit ce que, il n’y a pas longtemps, nous a raconté notre philosophe de baraque : « un élève demande au sage Diogène quelle était pour l’homme, la meilleure heure pour manger. Il lui répondit : le riche à l’heure qu’il veut et le pauvre à l’heure qu’il peut ». Après la nourriture viennent l’habillement et les chaussures, juste l’indispensable. Dans ce que tu dois dépenser le moins possible, c’est le mobilier et les choses inutiles de toutes sortes. Je dis cela parce que nous n’avons pas l’assurance de rester où nous sommes, et ignorons où nous nous fixerons. A l’instar des gitans, nous ne connaissons pas quel sera l’endroit où nous irons après-demain, parce que nous n’avons pas de maison et dépendons des autorités. Par conséquent, n’achète que le plus indispensable et des choses qui peuvent être abandonnées le jour où nous devrons changer de coin. A nous, ce qui nous intéresse c’est d’avoir de l’argent dans la poche, car nous savons que c’est ce qu’il y a de plus pratique et que : « avec la bourse pleine, on peut presto dresser la table ».
Benigna, tu m’informes que Sebastian t’a dit que ma lettre a beaucoup ému ses patrons. Dans sa lettre que j’ai reçue avec la vôtre, Valero me dit également la même chose. Il m’a écrit que le patron l’a lue à haute voie et que les femmes présentes pleurèrent en l’écoutant. Avant de l’expédier, j’ai donné ladite lettre au sergent qui est avec Juan, lequel l’a traduite et perfectionné en français. Quand je viendrai vous voir je vous montrerai sa copie.
Chère fille Maria. Avant tout je te souhaite une bonne santé. Je suis très content que tu ais eu de la chance de trouver d’aussi bons patrons. Il est très utile d’avoir des relations avec des personnes qui ont de l’éducation et de l’intelligence parce que plus qu’un devoir c’est un plaisir de les respecter et de converser avec elles. A propos de la paye de l’allocation, je tiens à te donner un conseil, et cela même en n’ayant aucun droit sur toi, et malgré que tu ais un mari auquel tu te dois. Prends ce que je veux te dire comme étant les bonnes paroles de ton père : vu que tu n’es pas très âgée et, qu’à cause de la guerre tu n’as pas encore administré ton foyer, puisque tu n’en as pas, et ne l’as jamais eu, je te conseille de dépenser le moins possible dans des futilités. Essaye de mettre les francs de côté afin que le jour où arrive ton mari tu aies, même si c’est peu, pour commencer à nouveau votre vie matrimoniale. En premier, paye tes dettes si tu en as, parce que « celui qui paye ses dettes s’enrichit ».
Cher fils Anastasio. Je suis très content de savoir que tu as beaucoup de volonté pour étudier, et de voir que ton écriture s’améliore, ce qui me fait croire que, par conséquent, tu progresses dans le calcul. Tu verras que cette matière te sera très utile dans la vie professionnelle ainsi que dans celle de tous les jours. Les chiffres renferment autant, et même plus d’attraits que les lettres.
Cher fils Lauro. En regardant ta signature je vois que tu t‘intéresses à l’écriture. Si tu continues ainsi, très vite tu m’écriras, chose qui m’enchantera.
Chère fille Alicia. J’attends également le jour où tu sauras signer toute seule, ce qui sera pour moi un enchantement de plus.
A l’instant, alors que ma plume écrit cette phrase, c’est avec émotion et amour que j’accumule dans ma poitrine les baisers qui devront être donnés aussitôt que nous nous verrons.

Marcelino Sanz Mateo

Soixante-cinquième lettre de Marcelino, écrite de Gorze, dans le département de la Moselle, où il travaille à la 11ème CTE.

Gorze, 18 mars 1940

Votre lettre datée du 16 est arrivée entre mes mains. Tu me pries de te dire s’il est vrai qu’on nous transfère dans un autre camp. En effet, cela est l’une des rumeurs qui courent ici, parmi la foule des travailleurs. Mais il ne faut pas prendre les paroles pour des faits « il est plus facile de dire que de faire ». Nous ne savons rien encore avec certitude de ce qu’on va faire de nous, ni non plus à propos des permissions dont bénéficieront les pères de famille nombreuse. Tu me dis que lorsque tu toucheras l’allocation tu m’enverras un cadeau. Eh bien, saches que je prends ton intention dans le mauvais sens. Je ne te remercie pas parce que je ne veux pas que tu dépenses, pas même un centime pour mois. Ici on n’a besoin de rien si ce n’est de la liberté. J’ai de la nourriture et des vêtements en trop. Tout ce que tu veux m’envoyer, tu le dépenses pour toi ou pour les enfants, car grand besoin vous avez de nourriture et de vêtements, sans oublier les chaussures. Tu va me contrarier si tu m’envoies quelque chose. Je n’ai pas besoin de sucreries pour me régaler. Le fait que tu m’aies avoué ton désir de m’envoyer quelque chose est pour moi le cadeau que j’apprécie le plus. Et, en ne m’envoyant rien, comme je t’en prie, tu doubles la valeur de ton cadeau.
Tu me dis avec insistance que tu veux aller où se trouve Sebastian. Je te répète à nouveau que tu fasses tout ce qui sera bien pour vous tous, et cela même si, pour le moment Juana ne peut pas te suivre parce que sa patronne est en petite santé. J’admets qu’on n’abandonne pas un malade, mais pars en posant la condition que tu ne tarderas pas à venir la chercher*. Dis-lui de m’écrire dès qu’elle le pourra.
Je suis content que les enfants soit gros et aient de bonnes couleurs comme tu me les dépeints. Tu diras à Maria que Juan a reçu son colis, duquel il m’a donné de la marmelade et des gâteaux secs qui, j’avoue étaient très bons. Il me laissa également lire sa lettre laquelle m’émut beaucoup en apprenant qu’on lui laissa les clés de la maison et du commerce, preuve de la grande confiance qu’on lui a donné malgré le peu de temps qu’ils la connaissent. Pour les parents c’est toujours une satisfaction de savoir que leurs enfants ont hérité l’honnêteté transmise à leurs parents par leurs antécédents.
Tu me réjouis également en me disant qu’Alicia est contente d’aller à l’école, et que Anastasio et Lauro commencent à discuter avec des enfants français. Quoiqu’étant toujours séparés, au moins les choses vont en s’améliorant pour nos enfants. C’est ce que j’ai toujours dit : il faut donner du temps au temps afin que les choses mûrissent.
En parlant « d’el Fin », eh bien, il a reçu une lettre de sa femme, laquelle lui dit qu’elle est allée chez le docteur d’Alcañiz,
(ville à 3km d’Alcorisa)
ce qui nous interroge sur ce dit docteur. Comme nous pensons que c’est le même qu’ est allé voir mon père, « el Fin » est assez préoccupé. Elle dit aussi que là-bas règne la misère. Son fils qui a 10 ans, lui écrit qu’il travaille déjà afin d’aider sa mère et son petit frère. En Espagne, la situation est très sérieuse. Elle nous donne les bons souvenirs de « Josefina ». Celle-ci doit être « la Chula », quoique moi je n’arrive pas à savoir qui est cette « Josefina ». Je t’ai dit que c’était « la Chula » par déduction. Toutes les lettres reçues par les uns et par les autres, sont un mystère.
Cher fils Anastasio. J’ai reçu ta lettre. Je suis content que tu sois devenu un véritable étudiant. Continue à dessiner et à réviser le calcul, car ce sont des matières très intéressantes. Tu gonfles de joie mon cœur en me disant que tu manges beaucoup de bonnes choses ; parce que le jour où j’ai de la viande dans mon assiette, je me dis : « et mes enfants et mon épouse que mangent-ils ? ». Avec ce que tu me dis tu me tranquillises, et, je mange avec moins d’amertume la ration qu’on me donne.
Rien de plus. Mes meilleurs souvenirs pour vous tous, sans oublier les dames « Engracia et Teresa ». Benigna, je t’envoie des timbres-poste de 90 centimes frappés d’un F, ne colle donc pas donc un autre timbre puisque le F est la franchise. Le patron de Sebastian a répondu à la lettre que je lui avais envoyée en lui recommandant nos fils.

Marcelino Sanz Matéo

*/ Des paysans du secteur venaient au « Refugio » pour chercher de la main-d’œuvre. Ne pouvant nourrir convenablement ses quatre enfants restés avec elle au « Refugio », Benigna accepta de laisser partir Juana chez un paysan pour aider son épouse qui à la suite d’une chute s’était cassé le bras. Elle laissa partir Juana à condition qu’elle les quittera dès que la paysanne serait rétablie.